On nait, on grandit… un jour on sait parler. On a la chance d’avoir son père au quotidien. Et on lui dit « Bonne fête », c’est maman qui nous a mis les mots dans la bouche.
On est ce petit garçon, qui court et saute dans ses classes maternelles. A qui l’on remet des crayons de couleur, des feutres et des feuilles et qui fait un dessin de son papa… à lui remettre le jour de la fête des pères.
Puis on devient cet adolescent que l’acné terrorise. Qui se cherche et cherche à s’affirmer. Pour qui papa est un héros… un héros qu’il faut célébrer.
Et le temps passe comme toujours. On n’est plus le petit garçon, on n’est plus l’adolescent, on est devenu un jeune homme qui découvre la vie, qui doit prendre de plus grandes décisions, qui doit faire des choix « d’homme ». Dans la tête de qui résonnent les mots du père sur la dignité, la probité, sur l’abnégation, sur les relations humaines, sur l’univers du travail, sur l’amour, sur la famille. Alors le « bonne fête papa » est chargé de plus d’émotions parce qu’on sait regarder dans le rétroviseur. On voit ce qu’il s’est passé et comment on a été construit par les évènements et la direction de son papa.
Et le temps qui court vous fait regarder à votre tour un petit gars et l’envers du décor…
Un jour, c’est vous le père. Et même si le petit garçon ne sait pas encore dire de ses mots « bonne fête papa », on apprend son langage comme on apprend à être… son père.
Etre père, c’est magique
Il faut bien commencer par la partie de conte de fée, qui raconte que le jour de sa naissance est le jour où tout a changé… Ou peut-être qu’il n’y a pas d’histoire unique et que la magie ne se trouve pas dans un moment unique, plutôt dans chaque jour depuis le jour de sa naissance. Chaque nouveau jour, on l’aime plus fort que le précédent. On voit un visage prendre forme et on recherche les ressemblances. « Ah ses yeux »? Profonds comme ceux de son père, ses cheveux lisses et bouclés comme… Son visage? on découvre ce qu’est vraiment « aimer ».
Être père, c’est aimer
Ou connaître le vrai sens du mot. Car avant, on croit savoir. On l’expérimente avec ses parents ou ses frères. Avec Ses amoureuses. On a des chagrins quand les choses tournent mal alors on évalue l’amour à la douleur que nous ressentons… mais jusque là, on ne sait pas encore vraiment. On ne connaît pas la profondeur de son propre cœur. A quel point on est capable d’aimer… mon expression préférée pour décrire cet état est :
« Aimer sans jamais en connaître la limite
Si fort… à en avoir le cœur qui s’irrite »
Être père, c’est avoir peur
Constamment. Qu’il lui arrive un bobo. Qu’on soit présent ou absent. Plonger pour le rattraper quand assis, il perd un tout petit peu l’équilibre. Avoir peur qu’un éternuement soit le H1N1 ou le COVID19, qu’une fièvre soit la Dengue. Qu’une constipation soit la fin du monde. Que l’absence d’un sourire soit le début d’un gros malaise, que des pleurs soient l’expression d’une dépression. La peur fait tout extrapoler pourtant elle est saine. Elle est paradoxalement rassurante… Le petit bonhomme est « tout » pour vous. Vous venez enfin de le comprendre.
Être père, c’est espérer
Prier silencieusement. Bénir à haute voix. Proférer des paroles d’abondance pour qu’elles s’enracinent dans l’esprit du tout petit. Lui souhaiter d’atteindre des sommets pas seulement pour vous rendre fier, surtout parce que vous pensez qu’il le mérite. Vouloir qu’il soit le « must » de toutes choses et qu’au bout de votre foi chrétienne, Jésus, Marie, Dieu, les anges et leurs cousins soient ses gardiens. Alors, pour rendre cela vrai, vous lui écrivez des comptines, des berceuses, des poèmes, des chansons, des refrains que vous lui fredonnez quand vous pouvez. Vous lui écrivez même des éditos qu’il lira certainement un jour. Vous y enterrez toute votre espérance car les mots matérialisent les espoirs:
« Tu seras beau
Et seras grand
Tu seras fort et intelligent
Petit Roi
Petit moi
Combien de fois
Devrais-je te dire
Que tu es tout pour moi.
(…)
Et si le monde te fait peur
Rappelle toi qu’à toute heure
Papa sera là
Toujours là
Pour te prendre dans ses bras »
Être père, c’est GUIDER
Ça doit être pour ça qu’on parle de responsabilité. Le ciel vient de vous faire une immense faveur, il vous a confié une âme, un ange que vous devez accompagner dans cette vie. Il n’a pas à être une continuité de vous ni une meilleure version de vous. Non! c’est un être différent, à part entière que l’univers vous demande de conduire. Pour qu’il se réalise lui même, trouve sa place dans ce monde (que vous avez pratiqué avant lui) ou qu’il la crée sa place. Vous êtes le guide qui devrez en faire un être accompli. Alors oui… ça, c’est de la responsabilité.
Être père, c’est enfin se découvrir
Et c’est cela le plus impressionnant. On pense se connaître, on croit savoir quelles sont nos limites. Puis on découvre qu’on pourrait mourir… et tuer pour son garçon. Et ce n’est pas pour le jeu de mots. Ni pour faire joli… encore moins pour la vue de l’esprit. Non! Littéralement! On le pense vraiment.
Pour le mettre à l’abri, le protéger, le défendre, lui donner l’amour qu’il mérite, on découvre une infinité de choses qu’on serait capable de faire. On fait de nouveau connaissance avec soi-même, on rencontre la profondeur de sa propre âme.
Les mots que je lui dis pour traduire cela sont:
« Parfois,
Je ne serai pas parfait
Mais pour toi
Il n’y a rien que je n’aurai pas fait »
Et c’est dans ces moments, je pense, que les autres disent: « ma vie a changé quand il est venu au monde ».
Comment ne pourrait-elle pas changer? Le petit a besoin d’un guide dans cette vie. Il est donc temps de l’être, d’être celui qui l’aime plus que tout au monde, d’être meilleur que ce que vous avez toujours été, d’être son père.
To the King
The Young King
Bonne fête à tous les pères